« Nous avions envie de parler de la surconsommation, des années soixante et soixante-dix, de toute cette époque graphique, de la mode… Et de l’évolution du couple : la rencontre, la jeunesse, la fraîcheur, la crise de la quarantaine, enfin le couple vieillissant. Les personnages ne maîtrisent rien du tout, ce sont les choses qui les maîtrisent. » (Stephan Grögler, conception et mise en scène)
Køuples1, spectacle conçu et mis en scène par Stephan Grögler, est une trilogie trépidante sur le cas du couple avec de l’eau – barrée – dans le gaz… Trois vaudevilles musicaux d’un autre siècle, ravivés par l’imagerie des sixties et des seventies diffusée sur écrans, rhabillés de costumes impossibles : robe jaune strident, pantalons pattes d’éph orange amer, rayures, col pelle à tarte et combinaisons métallisées…
Créé en 2012 par sa directrice musicale Laurence Equilbey avec le soutien du Conseil départemental, Insula orchestra inaugurait sa résidence à la Seine musicale en avril 2017. Avec Mozart, Beethoven, Schubert, des artistes invités – et ses musiciens qui nous invitent à partager avec eux un morceau de leur vie musicale.
Il y a cinq ans, l’orchestre quittait le territoire du rêve pour entrer dans la réalité, avec le recrutement de Stéphanie Paulet, violon solo, puis des chefs des différents pupitres et enfin de chacun des instrumentistes. Ils ne sont pas salariés permanents, relèvent du statut des intermittents et exercent dans plusieurs ensembles. Continuer la lecture de Dans les rangs de l’orchestre→
Ulysse au féminin est une histoire d’eau. Musicale, poétique, symbolique – sans provoquer la formule à l’excès. Et par eau, on entend moins les miroirs que les marées, les rochers et les tempêtes, la fureur des éléments dans le cadre retenu d’un concert à la française.
Programme : Cantates d’Élisabeth Jacquet de la Guerre, Nicolas Bernier, Thomas-Louis Bourgeois et Jean-Baptiste Morin ; pièces instrumentales de Louis-Antoine Dornel, Jean-Philippe Rameau, Antoine Forqueray et François Couperin ; textes extraits de l’Odyssée.
Réuni autour de la soprano Raphaële Kennedy, l’ensemble Da Pacem, ce soir-là à Marseille1, naviguait avec Stéphanie Paulet au violon, Marine Sablonnière à la flûte à bec, Marianne Muller à la viole et Yannick Varlet au clavecin.
Alternant cantates et pièces instrumentales du XVIIIe siècle, le programme y associe des évocations parlées, constituant, par-dessus la succession des pièces de concert, un vaste opéra de chambre inédit avec récitatifs qui conterait les travaux et les jours d’un Ulysse au féminin – c’est-à-dire précisément des femmes qui font et défont Ulysse au long de son Odyssée, rendant au héros sa part féminine et justifiant le genre grammatical de son aventure. Elles sont nombreuses, Calypso, Nausicaa, Circé, Euryclée, Pénélope… – amoureuses, tempétueuses, dangereuses, fidèles ou nourricières, elles en disent autant sinon plus que la sueur et le cuir sur l’étoffe du héros.
Chopin, Barcarolle opus 60. Berg, Sonate opus 1. Boulez, Sonate n ° 3 Formant 3. Janáček, Sonate 1.X.1905. Chopin, Préludes opus 28 (n° 17 à 24).
Au programme du récital donné au temple de Lourmarin1 par le pianiste Florent Boffard : le lyrisme d’hier et comment il diffuse dans la modernité d’aujourd’hui. Intense traversée d’un monde sonore dense, mouvant et fragile, comme animée par le feu sous la glace.
La musique d’aujourd’hui et ses compositeurs, Florent Boffard les connaît sur le bout des doigts. Le piano d’hier aussi. Et savoir inviter la familiarité de l’un dans la complexité des autres est l’un des dons de cet artiste qui traverse constamment le miroir entre l’enfant émerveillé et le conteur évident de choses qui ne le sont pas. En confrontant en cercles concentriques le piano d’un Chopin qu’on croit connaître par cœur à la lignée des modernes – Janacek, Berg et Boulez – il choisit, au-delà de la défense d’un répertoire méconnu sinon mal aimé, de tramer les fils et les motifs de musiques dont on n’entendait pas autant les correspondances. Continuer la lecture de Florent Boffard, le chant des modernes→
Récital Florent Boffard à Lourmarin, le 11 août 2015, dans le cadre du festival international de piano de La Roque d’Anthéron↩
Comment présenter ces deux programmes proposés par la pianiste Vanessa Wagner ? Dire que ce sont des habillages numériques – visuel ou sonore – sur des œuvres du répertoire ferait fuir à la fois les classiques et les modernes… Alors que, justement, les dispositifs imaginés ont tout pour convaincre – et enthousiasmer – des publics qui en général ne se croisent pas au concert. Du crossover comme on dit aujourd’hui, la rencontre transversale entre ceux qui croient au numérique et ceux qui n’y croient pas…
Ravel Landscapes, en collaboration avec les vidéastes Quayola et Natan Sinigaglia, ce sont des paysages de synthèse projetés sur grand écran, déclenchés, animés, modifiés en direct par le jeu de la pianiste. Particules, cristaux, éclats, mouvement, lumière : on n’assiste plus à un concert, mais on fait un voyage à travers des sensations presque physiques et réellement jubilatoires. Que les puristes se rassurent, cela ne remplace pas les paysages intérieurs d’une écoute aveugle – mais ce n’est pas fait pour : c’est différent, c’est inventif, c’est beau.
Beyond my piano, rencontre entre Vanessa Wagner, le musicien « futuriste » mexicain Murcof, et des œuvres de Satie, Ravel, Pärt ou Adams, est également une extension du domaine sonore. Strates, métamorphoses, liberté de réinterprétation : les paysages sont inédits, le dialogue permanent entre le symbole d’une histoire de la musique classique et les machines numériques jouées comme de vrais instruments.
Puisqu’une musicienne aussi intègre, imaginative et sensible que Vanessa Wagner s’acoquine avec la modernité d’aujourd’hui, tout n’est peut-être pas finalement perdu !