Archives par mot-clé : Pop Rock etc.

Cosmos 1969

Cosmos 1969 © PATRICK BERGER
Élise Blanchard, Éric Groleau, Éric Lohrer, Élisabeth Gilly, Chloé Moglia, Cécile Maisonhaute

Une mémoire sonore, des émotions physiques

En 2012, à la Maison de la musique de Nanterre, Thierry Balasse et sa compagnie Inouïe créaient La Face cachée de la Lune, un spectacle-concert autour de l’album Dark Side of the Moon des Pink Floyd, intégralement réinterprété sur scène. En 2018, avec Cosmos 1969, Thierry Balasse s’intéresse à la mission Apollo XI, au premier pas d’Armstrong sur la Lune. Mais à sa manière, c’est-à-dire ailleurs et autrement. Pas de récit didactique, pas d’images d’archive, à peine quelques voix d’époque – mais une mémoire sonore, des émotions physiques, un peu quantiques et très bouleversantes.

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Thierry Balasse

Thierry Balasse © OLIVIER RAVOIRE

Compositeur, improvisateur, metteur en scène, le musicien crée cette saison, à la Maison de la musique de Nanterre, Cosmos 1969, premier pas sur la Lune et voyage poétique dans la mémoire.

   Ce qui m’intéresse, c’est l’humain, l’émotion. Je travaille beaucoup sur le côté sensoriel. J’aime la dimension vibratoire du son : on entend avec les oreilles et avec la peau.

En 2012, Thierry Balasse et ses musiciens créaient La Face cachée de la Lune : l’intégralité sur scène de l’album Dark Side of the Moon des Pink Floyd, bidouillages sonores compris, avec ce supplément d’improvisation qui ouvre sur l’émotion inouïe – ainsi qu’il a baptisé sa compagnie. Mission impossible – les Floyd n’ont jamais pu le faire tant les mirages du studio échappaient à la réalité technique de l’époque – qui s’est pourtant renouvelée cent vingt fois. En 2018, Thierry Balasse retourne dans l’espace s’intéresser au premier pas de l’homme sur la Lune, dans le même esprit de poésie sonore et de paysage sensoriel. Continuer la lecture de Thierry Balasse

King Crimson, Starless

Salle Spectacle

J’aime la salle de spectacle, les lumières, les sièges, le rouge. Je m’y sens bien, c’est un endroit où l’on vit un peu mieux ensemble, un peu plus fort, un peu moins con. Avant.

King Crimson, cet automne, dans la lumière cramoisie de l’Oympia1. Ils sont sept, pas vraiment des corbeaux de l’année, mais le plaisir manifeste de se retrouver, jouer ensemble, faire du bruit ensemble, beaucoup, pensez, sept dont trois batteurs, ça multiplie les double-croches et les décibels. Rafales et déflagrations n’étaient encore que des questions de guitares et de percussions. Dans la salle, le plaisir de partager ça, eux, nous, sur deux, trois générations. Le morceau dont je voulais me souvenir, c’était Starless. Avec sa mélodie qui fleure le fané des seventies, et cette très longue ascension électrique, montée vers l’orgasme libérateur ou frustration sado-maso à la guitare – les deux sans doute, c’est tout Robert Fripp…

Depuis, à quelques semaines et quelques centaines de mètres de là, certains peut-être les mêmes dans la salle, c’est brutalement devenu One More Red Nightmare.

Remontent alors de je ne sais quel tiroir trois vers minables, frappés sur du mauvais papier machine : « Nous n’aurons plus jamais d’année de paix/Plus jamais d’heure sans que quelqu’un meure/Dans un quelque part lointain qu’on oublie ».

Le lointain est arrivé, on ne peut pas le manquer, il sent l’abattoir.

C’est pourtant de Starless dont il faut se souvenir : “starless and bible-black”, le refrain ira bien au teint des temps à venir, le climax servira de lumière au bout du quotidien. Et puis, trois batteurs, ça couvrira les saloperies qu’on n’a pas fini d’entendre.


king-crimson-en-concert-a-l-olympiaStarless et One More Red Nightmare paraissent en 1974 dans l’album Red de King Crimson. Le précédent s’intitulait déjà Starless and Bible-Black (sans étoiles et noir de bible), citation d’Under Milk Wood (Au bois lacté) du poète Dylan Thomas.


  1. The Elements of King Crimson, Olympia, Paris, 22 septembre 2015 

Dominique A, Éléor à Toulon

Dominique A en concert, 2015

Dominique A en quartet très rock au Théâtre Liberté de Toulon1, sur une setlist quasi parfaite, entre la manière des choses d’avant et la matière de celles d’aujourd’hui. Qui ferait un beau best of live

Quand on a que l’amour… Dominique A n’a sans doute pas que cela en partage – seulement, même lorsqu’il s’agit de sociologie, d’histoire ou de politique, chacune de ses chansons est aussi en filigrane une histoire d’amour. Or chacun sait depuis bien avant les Rita Mitsouko que les histoires d’amour finissent mal, en général comme en particulier, sinon ce ne sont pas des histoires. Et les histoires, c’est la matière de Dominique A, il en a autant que de musique dans sa carcasse de colosse ambigu chez qui le masculin et le féminin s’épousent jusque dans la voix et dans la gestuelle.

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  1. Théâtre Liberté de Toulon, jeudi 8 octobre 2015, dans le cadre du festival Rade Side Of The Moon