Archives par mot-clé : Portrait

Thierry Balasse

Thierry Balasse © OLIVIER RAVOIRE

Compositeur, improvisateur, metteur en scène, le musicien crée cette saison, à la Maison de la musique de Nanterre, Cosmos 1969, premier pas sur la Lune et voyage poétique dans la mémoire.

   Ce qui m’intéresse, c’est l’humain, l’émotion. Je travaille beaucoup sur le côté sensoriel. J’aime la dimension vibratoire du son : on entend avec les oreilles et avec la peau.

En 2012, Thierry Balasse et ses musiciens créaient La Face cachée de la Lune : l’intégralité sur scène de l’album Dark Side of the Moon des Pink Floyd, bidouillages sonores compris, avec ce supplément d’improvisation qui ouvre sur l’émotion inouïe – ainsi qu’il a baptisé sa compagnie. Mission impossible – les Floyd n’ont jamais pu le faire tant les mirages du studio échappaient à la réalité technique de l’époque – qui s’est pourtant renouvelée cent vingt fois. En 2018, Thierry Balasse retourne dans l’espace s’intéresser au premier pas de l’homme sur la Lune, dans le même esprit de poésie sonore et de paysage sensoriel. Continuer la lecture de Thierry Balasse

Farid Bentaïeb

Co-créateur du festival MarTO, le directeur du théâtre Jean-Arp de Clamart nous invite1 à passer la nuit avec des marionnettes…

 La marionnette est un art au royaume de la bricole. Imaginez un objet, immense ou minuscule, posé là, inerte, et puis à un moment donné le marionnettiste s’en empare, alors tout à coup quelque chose se met à vivre… C’est du théâtre extraordinairement émouvant : on a plus encore qu’ailleurs l’impression de voir la chose naître, de comprendre un petit peu mieux le miracle de la création.”

Silhouette impeccable du danseur, regard acéré et voix placée de l’acteur, Farid Bentaïeb confesse un goût pour le théâtre généreux : voilà un professionnel qui aime l’art et les gens ! Cela commence par la découverte des textes durant la scolarité, puis viennent les premières émotions de spectateur : Koltès-Chéreau aux Amandiers de Nanterre – « d’ailleurs la reprise dix ans plus tard de Dans la Solitude des champs de coton avec Pascal Greggory et Patrice Chéreau est le plus beau souvenir de spectacle de ma vie ! » – aussi bien que la représentation maladroite d’un Barbier de Séville vécue sous un préau de collège presque comme une expérience sensuelle. « Même si ce n’était pas terrible, il en reste quelque chose qui est du domaine de la transmission. »  Continuer la lecture de Farid Bentaïeb


  1. le 22 novembre 2014 

Ibrahim Maalouf

À La Défense Jazz festival 2013, le jeune trompettiste vient jouer en quintet ses dernières compositions : Wind, sur scène entre les tours, ça souffle !

© Denis Rouvre Je n’ai pas d’autre moyen d’expression fiable que la musique. Elle m’aide à trouver un certain équilibre entre l’intériorité et la jubilation. J’ai une envie extrêmement puissante de vivre, de faire des choses, de rencontrer du monde, de voyager, mais parallèlement, j’ai une conscience très forte et absolue de la fragilité de nos vies et de nos êtres. C’est cette ambiguïté qui nourrit ma musique.”

Secret, Ibrahim Maalouf ? Oui, sans doute. Mais affable aussi, disert quand le sujet le passionne, pas ennemi à l’occasion de l’humour pince-sans-rire. Bref, un homme complexe. Et un musicien d’une singulière générosité. À trente-deux ans, le compositeur-trompettiste, premier prix du Conservatoire de Paris, lauréat de concours internationaux, enchaîne les collaborations. On pourrait en faire une litanie façon Vincent Delerm, avec qui il a d’ailleurs beaucoup travaillé. Au hasard des préférences de chacun : Lhasa de Sela, Bojan Z, Tigran Hamasyan, Oxmo Puccino, M, l’orchestre de chambre de Paris, Serge Teyssot-Gay, Sting, Amadou et Mariam…

Le point commun ? Cette trompette à quatre pistons qui lui permet de jouer les quarts de ton des musiques arabes traditionnelles – et des envolées contemporaines. « Comme si vous ajoutiez des touches supplémentaires entre les touches blanches et noires du piano. » Une invention de son père et mentor, Nassim Maalouf : « Cette trompette, c’est le fil conducteur, un vecteur de création formidable parce qu’il est unique. Forcément, cela stimule mon imaginaire. » Continuer la lecture de Ibrahim Maalouf

Claire Désert

Fidèle du festival de l’Orangerie de Sceaux, la pianiste y donne cette saison1 un double concert en compagnie de jeunes musiciens qui lui ressemblent.

© OLIVIER RAVOIRE Une vie de musicien, c’est d’abord une vie laborieuse : cinq à six heures de piano tous les jours… Cela ressemble en fait à une vie de sportif. Quelque chose d’à la fois très régulier, parce qu’il y a une discipline qu’on apprend très jeune et qui est très formatrice, et d’absolument pas routinier, une vie plurielle, entre les voyages et la maison, travailler seule et avec d’autres, enseigner, être sur scène…

Qui s’intéresse à la flamboyance m’as-tu-vu du musicien soliste, port de tête arrogant et éclats d’ego montés en parure, ferait mieux d’aller écouter ailleurs : Claire Désert n’est pas vraiment de cette école-là… Elle ne brandit pas la vocation prodige de l’enfant d’Angoulême ni l’illumination irrésistible de la généalogie : « Mes parents m’ont mis au piano à cinq ans, pour la culture générale, sans que je le demande… Ce n’est pas très glamour mon histoire ! Mais la greffe a bien pris, j’ai l’impression d’avoir toujours suivi un chemin, comme si la musique avait tout le temps fait partie de ma vie jusqu’à ce que je me retrouve à quatorze ans au Conservatoire de Paris. Tout s’est enchaîné simplement, comme quoi on peut-être musicien sans être enfant de musicien ! »

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  1. Carte blanche à Claire Désert, dimanche 17 juillet 2011 au festival de l’Orangerie de Sceaux. Avec Guillaume Chilemme (violon), Nathanaël Gouin (piano), Victor Julien-Laferrière (violoncelle) et Pierre Génisson (clarinette).