Les premières fois ont de l’importance, chacun sait. Dans le domaine des rencontres artistiques pas moins qu’ailleurs.
Je me souviens de ma première gourmandise de poème, de mon premier chavirage musical ; je me souviens, la première fois, les peintures de Raphaëlle Pia. En bord de Seine, La Bonne Heure, les eaux salées de la baie de Somme ruisselant sur les toiles – il y avait d’ailleurs aux murs quelques Rives et Effilochages retrouvés ici, compagnons d’avancée d’une peinture qui se déploie, vagabonde, d’inventions en surprises. « Les pigments comme le sel cristallisé dans le creux du sable, là où les pas ont passé, à la lisière de la marée quand elle s’évapore sous la lumière. C’est une drôle de peinture du presque rien, le velouté d’une matière absente. »
Assis sous le grand Sables 3, des étudiants américains discutaient d’amour et d’avenir, rarement peinture n’avait autant palpité.
Les fois suivantes aussi, sinon il n’y a ni mémoire, ni retrouvailles.