Dans le spectacle vivant, il y a des moments où le spectateur sent que quelque chose bascule, quelque chose de radicalement nouveau qui s’inventerait, là, sous ses yeux. Ces moments ne sont pas si nombreux et l’irruption dans le paysage de la compagnie AM/CB – Adrien Mondot et Claire Bardainne – en fait partie. Lui vient des arts du cirque, à la fois jongleur et informaticien ; elle est plasticienne et scénographe ; à eux deux, ils inventent de projet en projet un art étrange qui est bien d’aujourd’hui, où se mêlent l’impalpable des images et figures numériques et la réalité du mouvement des corps. Chez eux, on danse avec des écharpes de l’étoffe des rêves, on surfe sur des océans d’ondes, on sème des alphabets virevoltants comme d’autres des paillettes. Ce qui aurait pu apparaître comme simple prouesse technologique s’installe, grâce à l’imaginaire des deux artistes et à leur désir de ne jamais noyer le réel sous le virtuel. Alors que leur récente collaboration avec la compagnie Käfig de Mourad Merzouki, Pixel, est en tournée, on peut également voir ou revoir l’une des premières créations d’Adrien Mondot : Cinématique. Une partition chorégraphique pour un jongleur et une danseuse, où l’on nous invite à renouer avec notre part de rêve d’enfance et à bousculer les principes rationnels de nos existences modernes. Histoire d’aller voir un peu plus loin encore derrière l’horizon, il faut aller visiter l’exposition XYZT, les paysages abstraits, signée des mêmes créateurs1. Méfiez-vous, cette immersion rêveuse dans leur outremonde pourrait bien devenir addictive…
Paru dans HDS.mag n° 44, novembre-décembre 2015.
XYZT, les paysages abstraits, Palais de la Découverte jusqu’au 3 janvier 2016 ↩
Pour qui se demanderait ce qu’est un spectacle grand public, le Grand fracas issu de rien imaginé par Pierre Guillois
… on le sait, finissent mal, en général. Enfin surtout, elles finissent, et c’est ainsi que Pascal Rambert a voulu à distance proposer une suite à son Début de l’A. créé en 2005 à la Comédie-Française. Clôture de l’amour a été écrit pour les voix et les corps de deux fidèles de Rambert : Audrey Bonnet et Stanislas Nordey. Succès immédiat pour ce « chant de la séparation », donné en création au festival d’Avignon en 2011. Aujourd’hui, face à Audrey, l’auteur lui-même reprend le rôle de Stan. Et le charme comme le venin sont toujours vifs : parce qu’il y a dans cette écriture une espèce d’autobiographie du partage qui fait sonner les mots comme autant de petits morceaux de chacun de nous.