Archives de catégorie : Papiers

Autour de… Reverse Flows

Reverse Flows

Au lendemain de la création de Reverse Flows, de Laurent Cuniot, à la Maison de la musique de Nanterre1. Ce lendemain flou, extensible – disons-le : métaphorique, qui sépare les baguenaudeurs des physiciens, et les rédacteurs des musiciens.

Au lendemain, comment transmettre quelque chose de cette musique ? Échanger quelques pierres gravées avec ceux qui y étaient, déposer un cairn pour ceux qui n’y étaient pas, baliser le chemin imaginaire en vue d’inciter à l’excursion ?  Continuer la lecture de Autour de… Reverse Flows


  1. Reverse Flows, pour alto, ensemble et électronique, créée par Geneviève Strosser et TM+ sous la direction de Marc Desmons, le 23 juin 2015 à Nanterre dans le cadre du festival Manifeste 2015 de l’Ircam 

Florent Boffard, le chant des modernes

Le pianiste Florent Boffard


Chopin, Barcarolle opus 60. Berg, Sonate opus 1. Boulez, Sonate n ° 3 Formant 3. Janáček, Sonate 1.X.1905. Chopin, Préludes opus 28 (n° 17 à 24).


Au programme du récital donné au temple de Lourmarin1 par le pianiste Florent Boffard : le lyrisme d’hier et comment il diffuse dans la modernité d’aujourd’hui. Intense traversée d’un monde sonore dense, mouvant et fragile, comme animée par le feu sous la glace.

La musique d’aujourd’hui et ses compositeurs, Florent Boffard les connaît sur le bout des doigts. Le piano d’hier aussi. Et savoir inviter la familiarité de l’un dans la complexité des autres est l’un des dons de cet artiste qui traverse constamment le miroir entre l’enfant émerveillé et le conteur évident de choses qui ne le sont pas. En confrontant en cercles concentriques le piano d’un Chopin qu’on croit connaître par cœur à la lignée des modernes – Janacek, Berg et Boulez – il choisit, au-delà de la défense d’un répertoire méconnu sinon mal aimé, de tramer les fils et les motifs de musiques dont on n’entendait pas autant les correspondances.  Continuer la lecture de Florent Boffard, le chant des modernes


  1. Récital Florent Boffard à Lourmarin, le 11 août 2015, dans le cadre du festival international de piano de La Roque d’Anthéron 

Bruce Brubaker, Glass Piano

Récital Bruce Brubaker, abbaye de Silvacane


Programme du récital :
Philip Glass. Metamorphosis n° 2 et n° 1. Études n° 4, n° 2 et n° 5. Mad Rush. Opening. Evening Song (extrait de Satyagraha).


Il y a des musiques qui racontent des histoires, d’autres qui ouvrent des espaces – celle de Philip Glass sous les doigts de Bruce Brubaker relèverait plutôt de l’instant suspendu. C’était au cloître de l’abbaye de Silvacane, dans le cadre du festival de La Roque d’Anthéron1.

Philip Glass est de ces compositeurs contemporains adorés, entre autres, par ceux qui n’aiment pas la musique dite contemporaine – oreilles Louis-Philippe et “néos” y compris. Ce qui fait quelque part mauvais genre et entraîne ipso facto les réticences du sériel auditeur et du chasseur spectral. Or le compositeur ne mérite ni cet excès d’honneur ni cette indignité. Sa musique – qu’on la dise répétitive, minimale, post- ou ce qu’on veut – vaut plus et mieux, surtout lorsqu’elle passe par le clavier de Bruce Brubaker. Continuer la lecture de Bruce Brubaker, Glass Piano


  1. Récital Bruce Brubaker, festival international de piano de La Roque d’Anthéron, le 1er août 2015 au cloître de l’abbaye de Silvacane 

Verrà la morte

Composition de Laurent Cuniot, pour clarinette solo et orchestre. Durée : 25 min. Création
le 24 avril 1997 au Théâtre de Poitiers. Philippe Berrod, clarinette, orchestre Poitou-Charentes, direction : Pascal Verrot.

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Le cycle Verrà la morte : Prélude – You, dappled smile – Lo spiroglo dell’alba – Verrà la morte – La casa – Sangue di Primavera – Last blues

 

Comment s’y prendre pour partager émotions et repères à propos de Verrà la morte, pièce orchestrale composée autour d’un cycle de poèmes de l’écrivain italien Cesare Pavese ?

Difficile, tant la poésie lapidaire – au sens du travail de la pierre précieuse, angles vifs et feux chatoyants – couperait la langue de qui viendrait y mêler la sienne. Plus que difficile : imprudent, tant il y a ici de nuages et de drame accumulés.

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La lice des nuits


Composition de Laurent Cuniot pour grand orchestre. Durée : 20 min. Création le 28 avril 1989 à la Maison de Radio-France. Orchestre Philharmonique de Radio-France, direction Michel Tabachnik.


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La lice était le champ médiéval du tournoi. La lice des nuits est le lieu des affrontements nocturnes.

Son langage est équivoque – c’est d’ailleurs le propre des langues depuis la pierre de Babel. Équivoque aussi sa forme, et sans doute son sens, si tant est qu’un compositeur accepte ce mot dont l’auditeur use par impuissance à mieux dire.

Il y a là quelque chose de vif et de pur et de neuf ; d’abstrait, pour déposer un terme plastique sur une musique qui l’est mais qui s’inscrit néanmoins, avec toute la puissance des quatre-vingt-dix musiciens et malgré l’apport des sons électroacoustiques d’aujourd’hui, dans une histoire de l’orchestre, de ses sonorités, de ce qu’elles charrient comme émotions, on ne va tout de même pas y renoncer…

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