Archives de catégorie : Papiers

La pierre en mouvement

Jacques Gestalder
Jacques Gestalder

Dans son atelier de Boulogne, le sculpteur Jacques Gestalder a passé l’essentiel de sa vie d’artiste à saisir, dans la pierre immobile, le mouvement des corps et la force des âmes. Farouchement fidèle à la figuration à l’heure des avant-gardes, son œuvre reçoit en 2004 un coup de projecteur inattendu – et sportif.

Nous sommes en 1952. Droite et sèche, presque gracile, la silhouette du sculpteur tourne autour du gigantesque bloc de pierre arrimé dans le jardin de l’atelier. Cet atelier, à deux pas de la Seine, Jacques Gestalder en a choisi le lieu durant l’une de ses fréquentes excursions de nageur. Des terrains vagues, quelques poules vagabondes… Ce sera ici. Le Corbusier, qui est un proche – on a les conseillers qu’on mérite – lui prodigue quelques réflexions d’expérience et Gestalder délaisse quelque temps le ciseau pour la truelle. L’homme est resté discret – ce qui n’empêche pas l’artiste d’avoir les plus hautes ambitions : « Il faut être de la classe de Michel-Ange ou ne pas être… » L’époque est loin du mastic puisé au seau du vitrier dans les couloirs du lycée Henri IV… Il y eut les Beaux-Arts – dans la même promotion que César, mais là s’arrête la comparaison –, les premières œuvres au Salon des Tuileries, la reconnaissance du Salon d’Automne. Puis ce fut la guerre, la Résistance, la déportation. Continuer la lecture de La pierre en mouvement

Le déclin de l’Empire américain

Dernier lever des couleurs françaises à la Nouvelle-Orléans, École américaine, 1803.
Dernier lever des couleurs françaises à la Nouvelle-Orléans, École américaine, 1803 © RMN

1803–2003 : le bicentenaire de la vente de la Louisiane aux Américains par Bonaparte. Au delà de l’anecdote exotique, l’événement négocié à Rueil-Malmaison est un tournant majeur dans l’histoire des États-Unis.

On savait Malmaison résidence du couple Joséphine et Napoléon. On en devinait l’importance dans le gouvernement de la France consulaire. L’imaginait-on essentielle dans l’histoire des États-Unis ? Car en suivant les visiteurs américains qui s’en viennent en janvier 1803 négocier avec le premier Consul – on reconnaît au premier rang James Monroe, ministre plénipotentiaire du président Jefferson et futur président lui-même – nous voici, si l’on ose dire, à Malmaison Blanche. Mais quel est donc l’objet du débat ? La Louisiane, tout simplement. Non pas l’État qu’on connaît aujourd’hui, grand comme un gros quart de la France, mais la Grande Louisiane, un territoire de plus de deux millions de kilomètres carrés, plus vaste alors que la France, la Grande-Bretagne, l’Allemagne, l’Espagne, le Portugal et l’Italie réunis ! Continuer la lecture de Le déclin de l’Empire américain