
Cela pourrait être vain : un rendez-vous littéraire dans une salle polyvalente au fin fond de nulle part, où l’écrivain vedette – secrète et attachante Zabou Breitman – est invitée par l’animateur de médiathèque maladroit et creux – Romain Cottard qui n’est ni l’un ni l’autre – à s’entretenir en public avec la critique littéraire odieuse et pédante – formidable Dominique Reymond qui finirait par faire croire qu’elle l’est vraiment – à propos de son dernier livre. En attendant la rencontre avec le maire, truculent politique à la langue de bois fleurie – André Marcon, truculent comédien au verbe de même.
Comment vous racontez la partie pourrait être une pièce cruelle, elle l’est un peu d’ailleurs, entre piques, non-dits, crises existentielles, jalousies, egos boursouflés à mesure que s’effilochent les amours. Elle aurait pu être désespérante… Yasmina Reza transmet tout cela – et beaucoup d’autres choses : de la nostalgie sourde, des rêves qui se méritent, des faux-semblants, un regard lucide sur la création, ceux qui en vivent, ceux qui en rêvent, ceux qui voudraient bien. Et par la grâce du quatuor d’acteurs et d’une seconde partie revigorante de drôlerie, de vie et de sensibilité, c’est également, une fois les conventions diluées dans le vin d’honneur, une ode discrète au genre humain contre lequel, tout compte fait, il n’y a peut-être pas de quoi se fâcher.
Paru dans HDS.mag n° 38, novembre-décembre 2014.

La compagnie des Dramaticules tient résidence pour trois ans au théâtre de Châtillon. Et ce n’est pas pour y faire du farniente ! L’hiver dernier, ils y créaient Affreux, bêtes et pédants – hilarante plongée dans les dessous de la vie culturelle – voici qu’ils nous envoient l’Ubu roi de Jarry comme une claque en pleine figure. Après Richard
Elles sont sept filles aux patronymes en « nen » ou en « ra », descendues de leur Finlande, sans doute sur le dos du cygne de Tuonela et au son des cuivres de Sibelius, pour vivre leur passion. Tous les arts du cirque sont dans Mad in Finland, affûtés – trapèze, fil, équilibre, main à main – et détournés à grands coups de vodka, de sauna, de Nokia. Ces filles athlétiques jouent avec leur culture, ses codes et ses clichés, autrement dit ce qu’elles sont et l’idée que nous nous en faisons. Rien ne manque : le froid, le ski, la nature, les boissons fortes, les déprimes gaies, les chants caréliens et le heavy metal dingo, on se croirait dans un roman d’Arto Paasilinna ! Encore que leur référence soit plutôt Aleksis Kivi, maître de la littérature du 