Archives par mot-clé : Laurent Cuniot

Reverse Flows


Programme du concert :
Ivan Fedele, Immagini da Escher, pour flûte, clarinette, vibraphone, piano, violon, violoncelle. Laurent Cuniot, Reverse Flows, création pour alto, ensemble et électronique. 
Jesper Nordin, création pour ensemble et électronique.


La musique ici est comme une architecture en mouvement.

Les gestes physiques, les déplacements, accélérations, suspensions dans le temps, qui animent la création de Jesper Nordin – compositeur, improvisateur et inventeur de dispositifs sonores – conçue pour ensemble instrumental, électronique live et mouvements du corps dans les matières brutes d’un paysage agité.
Les mouvements paradoxaux des Immagini da Escher, d’Ivan Fedele, qui s’appuient – si tant est qu’on le puisse – sur les espaces imaginaires du dessinateur M.C. Escher : circulations infinies, échelles cycliques en trompe-l’œil, prismes, miroirs.

© CHRISTIAN IZORCE
Laurent Cuniot

Les courants contraires, les flux opposés de Reverse Flows, de Laurent Cuniot, qui bouillonnent comme une renverse de grande marée, brassant dans un double dispositif électronique des éléments du prologue des Pétales dans la bouche, l’opéra créé en 2011 à la Maison de la musique. Alto soliste, groupe instrumental, tensions dans la matière sonore du murmure à la véhémence, mais tout est comme élargi, démultiplié, réverbéré dans l’espace du traitement électronique en temps réel ; en contrepoint, s’y affrontent les énergies percussives, les vélocités fulgurantes, les trajectoires et les ruptures de la partition électro-acoustique. Alors, dramaturgie polyphonique, dialectique sonore, narration sans texte : à chacun sa façon d’entendre avant d’être emporté dans l’irrésistible réseau d’eaux vives et de courants profonds d’une musique à l’architecture rigoureuse et aux mouvements débridés.


Brochure TM+ saison 2014–2015.

Du Lied aux Chants

Raphaële Kennedy et TM+
Raphaële Kennedy et TM+

Ensemble orchestral dédié à la musique contemporaine, TM+ est en résidence à la Maison de la musique de Nanterre depuis 1996. Il était en concert le vendredi 21 mars 2014 avec un bouleversant programme de musique d’hier et d’aujourd’hui.

Les concerts construits par Laurent Cuniot autour d’œuvres complémentaires mais très différentes sont une « marque de fabrique » de TM+. Ils tracent des routes inédites entre les compositeurs, ils ouvrent des perspectives nouvelles sur nos géographies intérieures. À leur écoute, on saisit ce que sont la virtuosité, la subtilité et l’engagement physique de musiciens au sommet, emmenés par un chef à la fois exact et lyrique. On ressent aussitôt l’envoûtement de ces musiques, pour peu qu’on accepte de faire tomber les barricades de l’habitude. Et l’on se dit, réunis dans une salle de concert, que c’est un privilège de se retrouver ensemble, à l’écoute de son temps.  Continuer la lecture de Du Lied aux Chants

Citoyenne insolente


Programme du concert :
Georges Aperghis : La nuit en tête (2000) pour soprano, flûte, clarinette, violon, violoncelle, piano et percussions. Alexandros Markeas : Trois clins d’œil rythmés (2006) pour clarinette et électronique. Thomas Adès : Catch (1991) pour clarinette, piano, violon et violoncelle. Laurent Cuniot : Prélude démesuré (2012) pour violon et clarinette. Alexandros Markeas : Citoyenne insolente (création 2014) pour soprano, flûte, clarinette, violon, violoncelle, piano et percussions.


La création n’est pas un long fleuve tranquille. Mais un confluent plutôt agité où se déversent, parfois venues du plus loin de notre histoire et parfois surgies d’on ne sait où, beaucoup d’audaces qui éclaboussent.

Une génération sépare Georges Aperghis et Alexandros Markeas. Grecs arrivés à Paris à 20 ans, engagés tous les deux dans le monde mais de façon différente, leur rencontre est un peu celle de celui qui croyait aux racines et celui qui n’y croyait pas…

La Nuit en tête de Georges Aperghis, ce sont des morceaux de nocturnes obsédants, une voix entêtante dans une partition de nuit où les micro-intervalles fusent comme des lueurs à peine saisissables. On y voyage dans le ténu, le babillement, la prolifération, quelque part où les choses sont aussi solides que des sables mouvants, aussi stables qu’un éclat de lune sur une eau noire.

Une nuit d’un autre genre tombe sur notre siècle, qui n’a plus beaucoup de sens et se cherche une voix. La Citoyenne insolente d’Alexandros Markeas s’appuie sur d’anciens héritages pour affronter debout l’avenir qu’on lui refuse et les nuits sans fin qu’on lui promet. Continuer la lecture de Citoyenne insolente