Collège du futur

Collège Descartes (image de synthèse), Antony (Hauts-de-Seine)
Collège Descartes (image de synthèse), Antony (Hauts-de-Seine) © INCUBE INFOGRAPHIE

En avant-première, l’avenir du collège Descartes d’Antony imaginé par l’agence TOA architectes associés.

Nous sommes aux confins d’Antony, exactement là où le département baptisé par la Seine cède la place à ceux baignés par la Marne et l’Essonne. Il y a des frondaisons à l’horizon du chemin de Massy à Fresnes. Ru de Rungis, zones humides : l’eau n’est jamais loin dans ce bassin de la Bièvre. Le quartier est en plein bouleversement : ici, la Région procède à la restructuration des bâtiments du lycée ; là, le Cemagref, l’institut de recherche en sciences et technologies pour l’environnement, rénove ses installations. Entre les deux et pour quelque temps encore, le collège Descartes – old school si l’on ose dire puisque le Département a décidé de procéder à sa reconstruction.

Fin 2009, le jury du concours a choisi le projet de l’agence TOA architectes associés. Encore qu’il s’agit là d’un raccourci, pratique mais réducteur puisqu’il pourrait faire croire à l’omnipotence d’un architecte seul maître à bord, conception d’un autre âge qui n’a désormais plus cours. Dans la réalité, la maîtrise d’œuvre est une vaste équipe, spécialisée et plurielle, qui comprend architecte mandataire (TOA architectes associés) et architecte associé (CK – architectures), et leur associe les spécialistes de l’ensemble des domaines concernés par le projet : paysagiste (APL), économiste de la construction (RPO), ingénierie structure, lots techniques, voiries et réseaux divers (IBAT), acoustique (Peutz), cuisiniste (Arwytec), bureau d’étude HQE (Solener), accessibilité, prévention et système sécurité incendie (Batiss).

« Cela fait en effet beaucoup de monde, reconnaît Christelle Besseyre, architecte associée à l’agence TOA chargée du projet, mais il est nécessaire de créer des liens forts avec des bureaux spécialisés : cela enrichit le projet, et cela permet d’aller plus loin dans chacun des domaines en profitant des compétences très pointues de chacun. »

Compact et bioclimatique

Dix-huit mois après le concours, les dossiers sont finalisés, le permis de construire sur le point d’être délivré et la consultation des entreprises va bientôt commencer, dernière étape avant le chantier de construction « en site occupé », puisque le collège ancien doit continuer à fonctionner pendant les travaux. « Le choix d’une opération en deux phases s’est assez rapidement imposé, précise Christelle Besseyre : vingt mois pour la construction, sur les espaces libres de la parcelle, du nouveau collège proprement dit. Un mois pour la déconstruction des anciens bâtiments et le transfert. Et douze mois pour le gymnase et les aménagements extérieurs. »

Le souvenir des heures passées à travailler le concours n’est pas si lointain. « Nous avons choisi très rapidement de proposer un bâtiment très compact, avec un seul niveau sur rez-de-chaussée pour les salles d’enseignement : cela facilite la fluidité des circulations d’élèves, un point très important dans un bâtiment qui en accueillera sept cents ; et c’est ce qu’il y a de plus efficace en matière thermique et bioclimatique. »

Le nouveau collège Descartes ressemblera donc à un lieu de lumière, de matière et de nature, s’inscrivant dans un site qui lui ressemble. Avec des moments très forts, comme ce jardin intérieur sous serre sur lequel donne le centre d’information et d’orientation. « Comme nous ne souhaitions pas de couloirs centraux desservant à perte de vue les salles de classe de part et d’autre, il a fallu inventer des espaces agréables autour d’îlots et en même temps apporter de la lumière. La verrière obéit au principe de la serre agricole : en hiver on profite au maximum de l’apport solaire ; en été, on ventile la nuit et on filtre les rayons le jour. » Un patio secondaire répartit la lumière dans la salle du restaurant scolaire au rez-de-chaussée et à l’étage dans les classes d’enseignement. Le couloir de distribution des classes tourne autour de ces deux ouvertures et les salles elles-mêmes profitent de l’apport solaire : direct pour celles exposées au sud, et par l’intermédiaire d’un shed pour celles au nord. Confort bioclimatique toujours, ce bâtiment principal est enveloppé d’une double « peau de verre » : elle assure un tampon thermique, permet des ouvrants économes en énergie puisqu’ils ne donnent pas directement sur l’extérieur et facilite les opérations d’entretien. Une sorte d’espace lumineux protégé qui enveloppe les façades et joue des lumières modulées par les stores, évitant ainsi toute sensation d’enfermement. « Les élèves, les enseignants, tout le personnel… il est crucial que les gens qui vivent dans le collège, parce que c’est bien une question de vivre, s’y sentent bien »

Travailler la lumière et le paysage

Vu de l’extérieur – enfin, imaginé pour l’heure grâce aux images de synthèse – le collège déroule un long ruban fluide de pierre noire et de verre transparent qui s’intègre dans l’environnement très particulier de ce que les spécialistes appellent une ripisylve – c’est-à-dire une végétation du long des rives. On n’atteindra l’entrée principale qu’après avoir remonté ce long ruban, comme une mise en scène qui aurait renoncé au gros plan monumental pour choisir le travelling. Contrastant avec le verre, le noir est de granit brut dont les échantillons sont pleins de promesses : « Une matière naturelle pour faire écho au paysage et s’affirmer en retour sur l’espace public. Nous avons beaucoup travaillé avec nos partenaires sur le rapport à l’environnement du collège : les matières, les végétaux, l’idée de lisière entre la nature et le bâti. »

Une réflexion et un projet qui donneraient presque envie de vieillir… de quelques années, pour aller visiter ce nouveau collège Descartes tel qu’on le devine aujourd’hui. Avec ce sentiment que le souci de l’environnement, au sens large, dépasse l’indispensable respect des normes HQE (haute qualité environnementale) et BBC (bâtiment basse consommation) et qu’il est surtout une question de savoir-faire et une volonté de faire bien.


Paru dans HDS.mag n° 19, septembre-octobre 2011.