Pixel : on n’échappera désormais plus, dans les arts d’aujourd’hui, à ce petit mot qui traverse en électron libre l’imaginaire des créateurs, même les plus physiques. Et il n’y a pas plus physique que Mourad Merzouki, le chorégraphe de la compagnie Käfig, emblème du hip-hop contemporain, explorateur du mouvement des corps, remettant en jeu à chaque création ce qu’il sait de la danse, de ses cultures et de ses contraintes. Et voilà donc Pixel, création 2014, nouveau dialogue vertigineux et jubilatoire entre les corps des danseurs et l’espace impalpable d’Adrien Mondot et Claire Bardainne. Ce sont les mêmes qui signent les projections numériques du Grand fracas issu de rien de Pierre Guillois, création 2015. On se doutait bien qu’on n’avait pas fini de parler d’eux. Leurs univers sont prodigieux : ici, les mouvements sont sans limites, la matière diffuse, les dimensions innombrables, les lettres sont particules et la géométrie un rire de lumière. La « question » de l’art numérique ne se pose plus : en dialoguant avec la danse charnelle de Mourad Merzouki, il s’impose. Il ne lui manque plus que de baptiser sa propre muse : Pixel serait un bon choix.
Paru dans HDS.mag n° 39, janvier-février 2015.