Collèges d’aujourd’hui
Le collège d’aujourd’hui est une prouesse. Il doit respecter un programme, un budget, répondre en même temps à des questions éducatives, urbaines et environnementales. Satisfaire aux exigences de l’élu, de l’habitant, de l’enseignant, du parent d’élève et du collégien. Mission impossible ? Non, mais une mission complexe qui propose des solutions à chaque fois originales. Illustration par l’exemple parmi les récentes livraisons.
À Boulogne-Billancourt, le collège Jacqueline-Auriol remplace celui dit du Vieux Pont depuis la Toussaint 2010. Pourquoi pas depuis la rentrée ? « La livraison différée, explique l’architecte Antoine Daudré-Vignier, a notamment l’avantage de ne pas mélanger les urgences… C’est intéressant de ne pas superposer le stress du déménagement avec celui de la rentrée de septembre. »
Le programme est riche : 600 élèves ; une unité d’accueil pour enfants autistes ; un gymnase dont l’usage est partagé avec la Ville – qui a donc assuré une partie de son financement ; et, dispositif qui influe forcément sur le budget global d’un collège, un internat d’excellence de 32 places qui permet de recevoir des enfants qui ne trouvent pas forcément chez eux les meilleures conditions de travail.
« Ici, on est au point de départ d’une urbanisation en cours, précise l’architecte. Avec des contraintes vis-à-vis du futur. » Sur le front de l’avenue Edouard-Vaillant, le collège impose une façade très urbaine, « une composition et une écriture qui correspondent à un édifice public identifié et affirmé. »
Changement de perspective à Nanterre où s’est implanté à la rentrée 2010 le collège Jean-Perrin. Le programme est similaire – nombre d’élèves, classes spécialisées, internat d’excellence – mais le tissu urbain est différent : paysage pavillonnaire du vieux Nanterre d’un côté, surplomb d’immeubles de l’autre. « Nous avons voulu recréer une micro-urbanité, explique l’architecte Xavier Gonzalez, rythmée par des séquences : depuis la rue, un parvis protégé suivi d’un parvis-jardin dont la pente douce mène au hall très transparent et se poursuit vers la grande cour de récréation qui évoque une place urbaine avec son mail planté, ses bancs, ses lampadaires. Et comme en bord de place, les volumes des salles d’enseignements comme de petits immeubles. Il y avait la volonté de placer des repères que les enfants reconnaissent, à un âge où l’élève quitte l’espace sédentaire de sa classe, pour apprendre à changer de lieux selon les enseignements. »
Question circulations, Jacqueline-Auriol privilégie la simplicité des accès, des flux et des parcours – une limpidité à la fois fonctionnelle et visuelle qui facilite d’autant la surveillance. Quand Jean-Perrin joue plus sur les transparences, les jeux de miroir et de réflexions. Et l’on pourrait relever sur chaque point, au-delà des différences formelles, le même soin accordé aux matières, aux aménagements, aux dispositifs : parce que la valorisation d’une fonction essentielle dans la vie de la cité passe également par le beau.
Paru dans HDS.mag n° 19, septembre-octobre 2011.