La haine de la musique

De la caverne primitive aux apocalypses modernes, il y a pour le moins de la densité dans la composition de Daniel D’Adamo sur l’essai de Pascal Quignard. Et du paradoxe, à commencer par ce titre impossible.

© GUILLAUME CHAUVIN
Lionel Monier & TM+

La haine de la musique impose une vision, presque une révélation : la musique est une marée à laquelle on ne peut échapper, la bruyante soupe primitive où la vie a infusé. Elle est le grondement géologique d’avant l’homme, elle se lève à l’aube des premiers mythes, elle sonne en nous avant même notre naissance ; elle est notre génitrice, notre sage-femme et notre nourrice, nous sommes son invention et elle est notre histoire, notre meilleur comme notre pire. Allez après cela ne pas la haïr, cette musique qui nous livre sans défense possible au monde tel qu’il est…

Les couleurs de cette mer sonore répondent aux mots du livret : « La mer n’est pas une surface. Elle est de haut en bas l’abîme. Si tu veux traverser la mer, naufrage ». Alors, autour de l’ensemble instrumental et de ses extensions électroniques, on entend les courants, les abysses, le bleu grave inouï et quelques clartés qui tremblent.

Heureusement, La Haine de la musique est également un spectacle. Dans la nuit, il y a des reflets d’or, les lumières bienvenues d’une mise en scène qui joue le décalage avec les ombres entre conférence sonore et parcours initiatique.


Brochure TM+ saison 2014–2015.