Cosmos 1969

Quelques mots de…

Thierry Balasse Cosmos 1969 © PATRICK BERGER

Thierry Balasse

conception, réalisation, mise en sons et en scène

— Après La Face cachée de la Lune, Cosmos 1969… Vous avez un goût particulier pour l’espace ?

Oui, depuis que je suis gamin, je regarde les étoiles la nuit. D’abord parce qu’un ciel étoilé, c’est magnifique. Ensuite, c’est scientifiquement fascinant, cela met en jeu des lois physiques qui ne sont pas forcément les mêmes que sur terre. L’astronomie est une vieille passion d’enfance, j’aurais adoré travaillé dans ce secteur.

— Et la musique ?

C’est Pink Floyd, à la même époque, l’album The Dark Side of the Moon. J’ai 12 ans, je l’écoute au casque, et c’est la claque ! Tout commence là : de la musique, des sons de synthé qu’on n’avait jamais entendus, des voix, des bruitages. Il y avait toutes les dimensions possibles du son.

— Les sensations sonores sont au cœur de vos spectacles…

Oui, je travaille beaucoup sur le côté sensoriel. J’aime la dimension vibratoire du son, le fait qu’on entende avec les oreilles et aussi avec la peau. Devant un son, une image, le cerveau cherche des correspondances avec ce qu’il connaît déjà. C’est une construction mentale à partir de ses souvenirs, et comme nous n’avons pas tous les mêmes, il n’y a pas de “réalité” sensorielle. Ce que nous proposons sur scène, chacun va le percevoir en fonction de qui il est, de ce qu’il a vécu.

— Il n’y a aucune représentation de la mission Apollo XI, pourquoi ?

Pour la construction du spectacle, je me suis pourtant avalé plein de bouquins, j’avais besoin d’en passer par là, de comprendre toutes les étapes, mais après… Plus ça va et plus le réel sur le plateau m’insupporte. Je n’ai pas eu envie de raconter de façon didactique la mission. Ce qui m’intéresse, c’est l’humain, donc l’émotion. Savoir par exemple qu’Armstrong a aluni en pilotant à la main le LEM parce que l’ordinateur de bord était saturé d’informations et qu’il ne remplissait plus son rôle. Et qu’il lui restait moins d’une minute de carburant utile, pour pouvoir repartir après. Comme personne ne connaissait la consistance du sol de la Lune, les ingénieurs pensaient que le LEM s’enfoncerait plus, ce qui explique pourquoi le dernier barreau de l’échelle est si haut et qu’il a fallu sauter. Avant le premier pas, Armstrong a posé le pied sur le patin du LEM, pour vérifier qu’il pourrait remonter à bord…

— De même, la composition Quanta Canta est issue de conversations avec des physiciens…

Le monde est incroyablement magique, bien plus magique que les supercheries des charlatans. Rentrer dans la matière, c’est aborder la physique quantique, un univers où le dur disparaît et tout devient vibratoire. C’est cela qui a été déterminant pour une bonne partie de la composition. Ainsi que l’idée qu’au tout début de la création de l’univers, dans un magma primordial, une onde acoustique aurait créé des zones de concentration de la matière et d’autres d’expansion. Après, je me suis raconté ma propre histoire sonore…

— C’est cette magie que vous essayez d’aborder dans vos spectacles ?

Oui, en changeant la perception du réel. Par les sensations qu’on va générer, par la lumière, par le corps de Chloé Moglia, par le son, essayer de faire que le public modifie un peu sa perception du monde. C’est peut-être un peu prétentieux, mais c’est mon seul objectif, je n’ai pas de message.